Psykopat - Bad tripeuzzz (1998)

Avant que le rap français ne s'aligne sur l'autoroute du stream et des hits calibrés, il traînait ses pneus sur les routes cabossées de l'underground, là où les moteurs ronflent sale et les phares n'éclairent que les zones sombres de l'esprit. Dans cette époque pré-2010 où l'on roulait sans GPS, un crew comme Psykopat était plus qu'un véhicule, c'était un ovni sur roues, une caisse trafiquée au mental dérangé, à mi-chemin entre le drift lyrique et la déambulation psychiatrique. Et parmi leurs jantes les plus tordues, "Bad Tripeuzzz" reste un modèle collector.

Un moteur sale mais sincère

Sorti en 1997 sur l'album Block Party, "Bad Tripeuzzz" est une virée hallucinée, un road-trip mental dans un véhicule sans freins, conduit par des esprits en roue libre. Dès les premières mesures, le beat donne l'impression de démarrer sur une vieille bagnole diesel qui crache sa fumée noire sur les normes FM : un sample lo-fi, une rythmique collé au sol, mais une puissance de traction brute. Le morceau ne cherche pas à rouler propre, il te balance de la tôle froissée en pleine face.

Des lyrics sous acide

Là où beaucoup optaient pour des lignes droites et des refrains lisses, Psykopat préfère les chemins de traverse. 

Les MCs ne rappent pas, ils flottent, comme si chaque punchline était un virage mal négocié. 

C'est du spoken-word sous LSD, une sorte de drift cérébral qui te balance dans tous les sens du subconscient. Les paroles s'entrechoquent comme des tôles dans un carambolage, et pourtant, tout est savamment orchestré : le délire est contrôlé, comme un conducteur fou qui connaît chaque recoin de sa caisse custom.

Une esthétique garage

La prod ? C'est un moteur bricolé dans un vieux garage du 93. Ça sent l'huile, la poussière, la sueur. Rien n'est poli, tout est brut. Et c'est justement ça, le charme : "Bad Tripeuzzz" n'est pas un SUV de ville, c'est une épave transformée en monstre de la route. Un de ces véhicules qui passent le contrôle technique même avec les phares jaunes et qui te foutent des frissons à chaque démarrage.

Un bolide oublié, mais pas hors course

En 2025, à l'heure où les voitures se garent toutes seules et où les morceaux sont pensés pour TikTok, 

revenir sur "Bad Tripeuzzz", c'est comme redémarrer une vieille R21 tunée : ça pue l'essence, ça vibre de partout, mais c'est authentique. C'est le genre de track qui ne cherche pas à séduire, mais qui embarque ceux qui ont encore l'âme d'un conducteur nocturne, seul sur la route, phares éteints, en train de chercher un raccourci vers la folie.

1998

"Bad Tripeuzzz", c'est un délire à l'ancienne, un bolide qui roule à contre-courant, sans permis mais avec une vision. Un titre qui rappelle que le rap, avant d'être une industrie, c'était un terrain vague où chacun customisait son flow comme une caisse volée. Chez ENLIVEDUFER, on adore ces vieilles mécaniques rouillées qui démarrent au quart de tour.

Alors, attache ta ceinture mentale et (re)plonge dans ce trip tordu signé Psykopat. Ça sent la gomme brûlée et la schizophrénie poétique.